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vernemens seuls ont le funeste pouvoir d’abuser les particuliers qui ont eu confiance dans leur loyauté, leur droiture et leur justice ; eux seuls ont le triste privilége de manquer à leurs engagemens et à la foi publique ; eux seuls peuvent retenir ce qui appartient à autrui. On dirait qu’ils ne sont liés, ni par leurs promesses, ni par les lois éternelles de la justice. Les nécessités de l’état sont leur seule excuse ; mais y a-t-il un seul état qui, sous un bon gouvernement, subisse de telles nécessités ou n’ait en lui-même des moyens sûrs et faciles de les faire cesser ; et n’est-ce pas ajouter l’insulte à l’offense que de pallier les torts de l’administration par ses vices.

Les particuliers sont dans l’heureuse impuissance de faire des arriérés sans le consentement de leurs créanciers ; les lois et les tribunaux sont les sauvegardes de la fidélité, de l’exécution des transactions privées, et quand elles sont fermes et inviolables, elles fondent ou consolident le crédit public, une des sources les plus fécondes de la fortune publique.

Malheureusement il n’existe pas, et peut-être ne peut-il pas exister de semblables garanties de la dette publique ou des dettes des gouvernemens. Comme ils ne reconnaissent et ne peuvent pas reconnaître d’autorité supérieure à celles dont ils sont investis, on ne peut en appeler qu’à leur moralité, à l’opinion, à l’importance de la conservation du crédit public ; faibles barrières,