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du produit, est un présent de la nature à l’homme. Si le sol de la terre était tel qu’il ne pût pas produire au delà de ce qui suffit pour entretenir le cultivateur…, quoique la terre pût être encore monopolisée…, la rente ne pourrait pas exister ; donc la rente n’est pas l’effet du monopole.

Cet argument est spécieux, mais son illusion me parait facile à dissiper.

Si la qualité du sol, qui est la cause du haut prix du produit brut, est un présent de la nature ; c’est à l’homme qui cultive ce sol qu’elle fait ce présent et non à celui qui ne le cultive pas. Pourquoi le présent que la nature destine au cultivateur passe-t-il du cultivateur au propriétaire ? Si ce n’est pas en vertu du droit de propriété, quelle autre raison pourrait légitimer la spoliation du cultivateur au profit du propriétaire ?

D’ailleurs est-il vrai que, dans le cas où la terre ne produirait que les frais de la culture, elle pourrait être monopolisée ? J’avoue que cela me parait impossible ; à quoi servirait en effet ce monopole ? Ce ne serait pas au monopoleur qui ne tirerait des produits de la terre que les fruits du travail ; ce ne serait pas non plus au monopolisé, car pourquoi le priverait-on d’une terre qui ne peut plus être utile qu’à lui, qui est indispensable à son existence et sans laquelle il ne pourrait pas exister ?

Supposera-t-on qu’on pourrait monopoliser des terres, quoiqu’on ne pût pas les cultiver et dans la seule pensée d’en permettre la culture à ceux