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temps une sorte de privilège pour elle à leur détriment ! On a de la peine à se le persuader ; mais il est certain que l’Angleterre a su donner des lois à la navigation générale, et que les autres peuples navigateurs s’y sont soumis tant qu’il lui a plu de les faire respecter.

À la vérité, ces lois ne semblent foi tes que pour la navigation dans les ports de l’Angle terre, et pour le peuple anglais, et sous ce rapport, ces lois, connues sous le nom d’Acte de navigation, ne portent en apparence aucune atteinte à la navigation des autres peuples. Elles se bornent en effet à leur interdire l’entrée des ports d’Angleterre, excepté dans quelques cas rares, et sous des conditions à peu près impossibles ; et par conséquent les autres peuples pouvaient s’en mettre à couvert, en portant contre sa navigation dans leurs ports les mêmes prohibitions qu’elle leur faisait dé s’introduire dans les siens ; et la conséquence infaillible de ces prohibitions particulières eût été la ruine de la navigation générale, et la perte absolue de ses inépuisables bienfaits.

Il paraît que la Suède seule aperçut les conséquences de l’acte de navigation de l’Angleterre, et lui opposa aussi un acte de navigation ; mais on ne voit pas que cet acte ait été exécuté. Il est donc permis de croire que l’on ne sut pas apprécier les effets de cette mesure nouvelle ; on prétend même que l’Angleterre ne les entrevit pas.