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manque à Constantinople, dix provinces sont affamés pour les approvisionner. À Damas, pendant la rareté de 1784, le peuple payait le pain un sou la livre, tandis que les paysans dans les villages mouraient de faim[1].

Ce n’est pas seulement à Constantinople, qu’on trouve de pareils exemples, il n’y a point à cet égard de différence entre Constantinople et les gouvernemens absolus. En France même, sous les prétendus gouvernemens constitutionnels, il est arrivé plus d’une fois de ne faire payer à Paris le prix du pain que trois ou quatre sous la livre, tandis que dans les provinces on le payait de six à dix et même douze sous.

Comment a-t-on été si long-temps à s’apercevoir que le moyen de se préserver de la famine, même dans les plus mauvaises récoltes, c’est de réduire la consommation dans des proportions relatives à l’approvisionnement. Or, c’est là ce qu’opère éminemment le prix des grains ; il s’élève à mesure que l’approvisionnement diminue, et force chaque consommateur à réduire sa ration proportionnellement à la masse des denrées. Par cette réduction volontaire, quoique nécessaire, les privations et les souffrances sont supportées par toute la population, et alors elles sont non-seulement tolérables, mais les moins dommageables pour un pays.

  1. Essai sur le principe de pop., liv. 1, ch. x.