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temps de disette, faire la même consommation des denrées de première nécessité, que dans les temps d’abondance ; mais si la même quantité de denrées n’existe pas dans un temps comme dans l’autre, il est physiquement impossible que la consommation soit la même.

Or, il est certain que la quantité des denrées n’est pas la même dans les temps de disette que dans les temps d’abondance. Si la différence est d’un tiers, de la moitié, des deux tiers, vouloir qu’on consomme comme si la quantité de denrées était la même, c’est vouloir l’absurde, c’est précipiter la famine sur toute la population, c’est la condamner toute entière à une mort certaine : tel serait en effet le résultat de tout maximum, si la nature des choses n’opposait au pouvoir une résistance insurmontable ; si l’art d’éluder les mauvaises lois ne faisait échouer les mesures prises pour leur exécution ; et malgré cet heureux désordre que de calamités ne produit pas la seule existence du maximum.

C’est, dit M. Malthus, une maxime de la police turque, qui a son fondement dans la faiblesse du gouvernement et la crainte des mouvemens populaires, de tenir le blé à bas prix dans toutes les villes considérables ; aussi, dans les mauvaises récoltes, tous ceux qui ont dû blé en leur possession, sont obligés de le vendre au prix fixé, et s’il n’y en a point dans le voisinage de ces villes, on met à contribution d’autres districts. Quand le blé