Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre le pouvoir, le tenaient dans de continuelles alarmes, ou plutôt ils se le partageaient et l’exerçaient dans toute sa plénitude sur leurs tenans, leurs dépendans et leurs serviteurs. Sur cette base reposait le pouvoir des barons, dont on a fait si mal à propos une des ramifications du pouvoir féodal.

Ce pouvoir s’affaiblit graduellement et s’anéantit tout-à-fait à mesure que les manufactures étrangères et nationales offrirent aux barons des produits qui multiplièrent leurs jouissances, sans partage avec qui que ce soit, et pour leur satisfaction personnelle et celle de leur famille : tant il est vrai, dit Adam Smith, que tout pour soi et rien pour les autres semble avoir été dans tous les siècles la maxime des maîtres du genre humain.

La même passion pour les produits des manufactures, qui dépouilla les barons de leur pouvoir, les porta à l’aliénation de leurs propriétés, jusqu’alors bannies du commerce par les lois de primogéniture et de substitution perpétuelle.

D’un autre côté les produits du sol, échangés contre ceux des manufactures, créèrent une population laborieuse et industrieuse tout-à-fait indépendante des consommateurs de leurs produits.

Cette population nouvelle, en contact avec l’ancienne population par des rapports d’intérêts, exerça sûr elle toute l’influence du savoir, de l’industrie, de l’activité, des richesses et des lumières ; balança leur autorité, et concourut à les