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lumières, à la civilisation générale, et, dans ce cas, les dépouilles du riche sont un fonds de richesse pour le pauvre.

Un écrivain moderne, justement célébré par ses écrits sur l’économie politique, donne une idée encore plus avantageuse du luxe des particuliers.

« Les meilleures manufactures d’un pays, dit cet écrivain, sont celles dont les produits sont consommés par le grand corps du peuple. Celles qui ne travaillent que pour le riche sont non-seulement de peu d’importance et en petit nombre, mais sont encore sujettes à de grands désavantages, et exposent à de grandes détresses les ouvriers qu’elles emploient. C’est l’expansion du luxe dans la masse du peuple, et non ses excès dans le petit nombre, qui semble la plus favorable à la prospérité publique et à la richesse nationale. Dans sa véritable acception, le luxe est particulièrement désirable, et un des meilleurs moyens de préserver un pays de la misère[1]. »

Cette opinion est d’autant mieux fondée que, dans le système économique des peuples modernes, l’expansion du luxe dans les grandes masses de la population ne peut s’effectuer que par le travail et l’industrie, les deux instrumens les plus actifs de la richesse sociale ; ce serait le comble de la folie de croire qu’un peuple se ruine par son luxe,

  1. Malthus, Ess. sur le princ. de la popul., liv. 4, chap. xiii.