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revenu au lieu de l’accroître par l’économie. Dans ce sens, le luxe est le contraire de l’économie ; et si, comme l’on n’en peut douter, l’un est le mobile des progrès de la richesse, l’autre doit lui opposer un obstacle insurmontable ; tel est en effet le résultat du luxe général dans tout pays, quelle que soit sa condition économique et politique.

Quand un peuple atteint la borne de son revenu, sa richesse ne reste pas stationnaire, comme on pourrait le croire ; les vicissitudes des saisons, des circonstances fâcheuses, des accidens imprévus ; le trouvent sans ressources, le forcent d’entamer ses capitaux, de s’endetter et de recourir à de funestes expédiens. Il s’appauvrit, décline et marche à une ruine plus ou moins rapide, mais certaine et inévitable : c’est une maxime fondamentale de l’économie sociale des peuples modernes, que le luxe général appauvrit les états et que l’économie générale les enrichit.

Mais ce qui est vrai du luxe des peuples l’est-il également du luxe des particuliers ? Ici la question change de face.

Le luxe qui porte les particuliers à dépenser leur revenu ou plus que leur revenu, à dissiper leurs capitaux et à se ruiner, ne porte aucune atteinte à la richesse générale. Les pertes qu’entraîne le luxe des prodigues sont réparées par les accumulations des économes. Ce mouvement dans la fortune des riches et des pauvres donne une plus forte impulsion à la richesse, à la propagation des