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espéré soit capable de tenter l’ambition du joueur. On recherche moins les loteries dont les lots sont peu importans, quoique les chances de perte et de gain soient moins inégales que celles qui offrent de plus grandes séductions par l’importance des lots.

C’est vainement que les joueurs multiplient les combinaisons pour diminuer les chances de perte et augmenter celles de gain ; c’est sans succès que les uns achètent plusieurs billets et que d’autres prennent de petites parts dans un grand nombre de billets ; toutes ces spéculions sont illusoires. Il n’y a pas en mathématique de proposition plus certaine que celle qui établit que plus on prend de billets ou de parts de billets dans une loterie plus on est assuré de perdre. La raison en est évidente : si l’on prenait tous les billets de la loterie, l’on perdrait toute la différence qu’il y a entre la perte et le gain, c’est-à-dire 25 à 30 % ; par conséquent plus on prend de billets ou de parts de billets, plus on approche de la certitude de la perte.

Mais ce n’est pas parce que toute loterie est une insulte à la raison de l’homme et un hommage à ses penchans vicieux, que les loteries doivent exciter l’indignation générale, c’est surtout parce qu’elles persuadent aux classes laborieuses et industrieuses qu’elles peuvent trouver dans les chances du jeu la fortune, l’aisance et le bien-être qu’elles ne doivent attendre que du travail, de l’industrie, de l’économie et de toutes les vertus sociales.