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On doit donc faire honneur à l’admirable invention des lettres de change de tous les prodiges du commerce des peuples modernes, et de son influence sur la richesse générale et les destinées des empires.

LOTERIES. — C’est une taxe sur la passion du jeu, sur le penchant de l’homme à croire à sa bonne fortune, et sur les séductions de l’espérance que la nature lui a donnée pour le consoler dans les revers, et l’aiguillonner dans les succès. L’homme est naturellement si disposé à suivre les impulsions de l’espérance, qu’il n’y a pas de loterie qui ne trouve des dupes. Peu importe qu’elle balance bien ou mal les gains et les pertes, on n’est frappé que des gains qu’on peut faire, et l’on ne tient aucun compte des pertes auxquelles on s’expose. Quoique dans les loteries d’état les billets ne vaillent pas les prix auxquels les paient les premiers souscripteurs, on les vend cependant au marché avec une prime de 20, de 50 et quelquefois de 40 pour cent. La perspective du gain ne permet pas d’apercevoir l’excès de la prime. On sait bien que la petite somme qu’on met au jeu est vingt ou trente fois plus forte Qu’elle ne devrait l’être relativement au lot qu’on ambitionne ; mais la prudence même la plus réservée ne regarde pas comme une folie le sacrifice d’une petite somme à la chance d’en obtenir une très-considérable. Seulement il faut que le lot