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monnaie peut, dans un très-court espace de temps, servir à dix prêts différens ; résultat impossible si chaque prêt devait entraîner la consommation de la monnaie prêtée. Si le prêt avait véritablement pour objet la monnaie d’or et d’argent, ce n’est pas en monnaie, mais en lingots, qu’on le stipulerait, et cette stipulation serait même sans avantage, puisqu’avec de la monnaie on peut se procurer des lingots.

Il faut cependant remarquer que la monnaie dans laquelle le prêt s’effectue ne lui est pas aussi étrangère qu’on peut le croire. Si ce n’est pas elle qui est l’objet du prêt, c’est elle qui détermine sa valeur, celle de son intérêt pendant sa durée et de son remboursement quand son terme est arrivé.

Sans doute cette valeur n’est que nominale ; la réalité est subordonnée au marché, et par conséquent le prêt participe jusqu’à un certain point à la nature des contrats aléatoires ; mais cet accident ne change rien à l’action de la monnaie sur le prêt et ne permet pas de la passer sous silence.

Si, comme cela parait certain, l’objet du prêt n’est pas la monnaie, mais ce que la monnaie peut acheter, il s’ensuit nécessairement que ce n’est pas l’abondance ou la rareté de la monnaie qui règle l’intérêt du prêt, mais l’abondance ou la rareté des choses à acheter ; ou, ce qui est la même chose, l’abondance ou la rareté du capital ; si le capital qu’on offre de prêter est plus abondant que celui qu’on demande à emprunter, l’intérêt est bas ; dans