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dès que les gênes imposées au commerce forcent les commerçans d’y renoncer. Alors ce commerce tombe dans les mains des revendeurs, des meuniers, des boulangers et des petits spéculateurs qui, à raison de la modicité de leurs capitaux et du peu d’étendue de leur crédit, de leur inexpérience et de leur peu de lumières, ne peuvent que porter leurs soins sur des points peu éloignés, ne s’occupent que de leurs localités, et sont incapables d’embrasser l’ensemble du pays. Alors chaque province, chaque canton, chaque commune s’isole, ne donne ni ne reçoit de secours, n’attend et n’obtient de soulagement de personne. Malheur à ceux que le fléau a frappé ! le pouvoir est aussi inexorable pour eux que la nature. Je sais que la théorie des livres perd de sa force et de son évidence quand le moment du danger arrive. Alors on n’ose faire connaître à une population souffrante et misérable sa véritable situation ; on croit qu’il vaut mieux la flatter par des espérances, qu’on n’a pas, que de la réduire au désespoir par l’aspect des privations, qu’elle doit s’imposer ; peut-être même n’a-t-on pas des notions exactes du mal, et alors il ne faut pas s’étonner si l’on se contente du palliatif ; mais du moins le pouvoir ne doit-il pas ignorer que, quand la disette est réelle, il n’y a d’autre moyen d’y remédier, ou plutôt d’en atténuer les calamités, qu’en réduisant la consommation dans la proportion de l’approvisionnement, et qu’en laissant un libre