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conserver les compagnies de commerce avec ou sans monopole, sans restreindre le commerce du pays, sans le rendre phis dispendieux et moins favorable aux intérêts des peuples.

Effectivement, les compagnies de commerce ne peuvent se soutenir que par le monopole, c’est-à-dire par l’élévation du prix des choses au-dessus de celui de la concurrence ; ce surhaussement du prix ne les a même pas garanties de l’affront de la faillite. Un écrivain français, M. l’abbé Morellet, a avancé que depuis l’année 1600, jusqu’en 1750, on compte cinquante-cinq compagnies avec monopole, établies dans toutes les parties de l’Europe, qui ont fait faillite.

D’où il résulte évidemment que, dés que le commerce libre peut sans monopole exploiter toutes les branches du commerce d’un pays, c’est un devoir impérieux pour les gouvernemens de l’affranchir du joug des compagnies de commerce et de leur dévorant monopole. On ne doit r pas mettre en balance l’activité, l’industrie et l’économie du Commerce individuel avec l’indifférence, l’insouciance et la prodigalité des directeurs et des agens du commerce collectif. Ce serait le comble de l’aveuglement de confondre l’intérêt individuel avec l’intérêt commun, et de croire qu’on fait pour celui-ci tout ce qu’on fait pour l’autre. Sans doute, cette règle n’est pas absolue, il y a dans les affaires publiques et collectives des hommes qui obéissent avec plus de scrupule