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placer leurs capitaux et leur travail que dans les emplois le moins productifs ; ce serait exposer les pays pauvres, moins riches en capitaux, moins avancés dans les sciences, les arts et la civilisation, et soumis à un gouvernement moins éclairé et moins protecteur à être les éternels tributaires de leurs concurrens, de leurs rivaux, et peut-être de leurs ennemis. Ce serait accroître la richesse des autres peuples dans des proportions supérieures à l’accroissement de la sienne, ce serait, les rendre plus forts, plus puissans, plus redoutables, et, par conséquent, compromettre sa fortune et son indépendance.

Mais, s’ensuit-il, de ces inconvéniens graves sans doute, qu’on doive exclure les produits étrangers des marchés nationaux ? Cette conséquence serait aussi, et peut-être encore plus fâcheuse que de les y admettre sans condition et sans réserve.

Si chaque pays donnait l’exclusion de ses marchés aux produits étrangers, il serait privé de ceux qu’il ne peut pas produire, et sa richesse serait limitée aux facultés productives de son sol, et à l’habileté naturelle et acquise de son industrie ; il serait stationnaire, ou plutôt réduit à une stagnation dont il ne pourrait jamais sortir. Sans aucun moyen de stimuler les classes laborieuses et industrieuses, de les engager à parcourir les divers degrés qui les séparent de leurs concurrens, il végéterait, dans une indolente apathie dont