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peuples, le but de la civilisation, tout a changé. Partout on rend hommage à la puissance du travail, de l’échange de ses produits dans le marché de l’étranger, plutôt que dans le marché local et national, et de la circulation des richesses dans toutes les classes de la population. Partout le pouvoir paraît convaincu qu’il ne peut être riche que par la richesse industrielle, puissant au dedans que par la protection et l’encouragement des intérêts particuliers, redoutable au dehors que par l’assentiment et le concours de tout le pays à ses projets, à ses plans et à ses mesures. L’intérêt du commerce étranger commande la sagesse et la justice dans les relations politiques, fait reculer la force devant la raison et les lumières générales, et prédominer les conseils de la morale sur les dangereuses séductions du pouvoir.

Toutefois on se débat encore contre les inévitables résultats de cette glorieuse révolution ; on applaudit aux richesses qu’elle a accumulées parmi les populations modernes, mais on ne voit pas qu’on ne gouverne pas des peuples riches comme des peuples pauvres et misérables ; on ne voit pas que la richesse est incompatible avec la servitude, et que depuis que le monde existe, la science politique n’a trouvé d’autre moyen d’échapper à leur incompatibilité qu’en faisant aux classes riches une part plus ou moins grande du pouvoir politique, et en tenant sous le joug les classes condamnées a une éternelle misère.