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en profitent et que personne n’en souffre ni dommage ni privation : phénomène admirable et cependant facile à expliquer.

Dans tout échange on préfère ce qu’on reçoit à ce qu’on donne, et chaque échangiste trouve dans son lot une valeur que n’avait pas celui dont il s’est dessaisi. Cette valeur n’est même pas idéale, fictive et créée par la seule opinion des échangistes, elle est réelle, effective et de la même nature que toutes les valeurs. Elle met chaque échangiste en état de continuer son travail, de l’étendre et de jouir de ses fruits, ce qu’il n’aurait pu faire avec ses produits.

Avant l’échange, les produits n’étaient d’aucune utilité pour les producteurs, ils étaient perdus pour la consommation comme pour la production ; autant et mieux eût valu qu’ils n’eussent point été produits ; ils étaient donc sans valeur ; mais dès que l’échange a assuré leur consommation, ils ont une valeur qu’ils n’avaient pas, et leur valeur est une richesse pour les deux échangistes et même pour l’état, dont la richesse et l’opulence consistent dans la valeur totale que l’échange donne aux produits du travail général. (Voyez Valeurs.)

Mais comment l’échange détermine-t-il la valeur des produits du travail général ? Quelle est sa règle, sa mesure, sa balance ? Il n’y en a pas d’autres que la limite ou l’étendue du marché dans lequel l’échange se consomme.