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colonisations ? où puisèrent-ils les ressources qu’elles nécessitaient, et qu’on ne devait pas trouver facilement dans un pays qui ne pouvait pas entretenir sa population ? cela n’est pas facile à concevoir. Ce qu’il y a de certain, c’est que les colonies grecques furent toujours indépendantes de la mère-patrie, et ne conservèrent avec elles que des relations de commune origine, de parenté et de service. Leur dévouement réciproque fut grand, mais il n’eut jamais le caractère de l’autorité et de l’obéissance.

À Rome le mot colonie exprimait un établissement militaire dans un pays subjugué. Elle n’était pas déterminée par la nécessité d’ouvrir un écoulement à une population surabondante ce mal n’est point à craindre chez un peuple conquérant, et Rome eut plus souvent besoin de recruter que d’évacuer sa population. Ses colonies avaient un autre objet, c’était d’établir sa domination sur des pays conquis, mais peu façonnés au joug et qu’il fallait y accoutumer ; les colonies étaient par conséquent plus politiques et militaires qu’économiques ; elles étaient conformes à l’esprit et au génie d’un peuple essentiellement conquérant, et elles furent toujours pour lui l’occasion et le moyen d’étendre ou d’affermir ses conquêtes.

Les colonies modernes, de l’Europe dans les deux continens et les îles du nouveau monde n’ont rien de commun avec celles de la Grèce et de Rome. Elles sont les tristes résultats des dis-