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que chaque pays croit voir dans l’état du change des symptômes infaillibles de prospérité ou de décadence, et l’on s’en afflige ou l’on s’en félicite, selon que ces symptômes sont favorables ou contraires : mais il me paraît évident qu’on se berce de vaines illusions. On en a tellement le pressentiment qu’on a senti le besoin de rétablir le pair du change, en faveur des pays auxquels il est contraire ; et qu’a-t-on imaginé ?

On suppose que quand le change est défavorable à un pays, il donne sa monnaie pour se libérer, et qu’alors elle devient si rare, et par conséquent si chère, que les produits du pays tombent à bas prix, ce qui excite les autres peuples à les exporter et rétablit en sa faveur l’équilibre du change.

Mais on ne fait pas attention que si, comme on le suppose, le change n’est contraire à un pays que parce qu’il vend moins à l’étranger qu’il, n’achète de lui, il est dans l’impossibilité d’augmenter ses ventes, même par la baisse du prix de ses produits.

Car s’il ne vend pas à l’étranger autant qu’il achète de lui, ce n’est pas parce que ses prix sont trop élevés, cela n’arrive jamais à un pays débiteur, mais c’est parce que l’étranger ne veut pas une plus grande quantité de ses marchandises, ou parce qu’il ne peut pas en produire une plus grande quantité. Dans ces deux cas, il est impossible à un pays de rétablir son change par la baisse du prix de ses produits.