Page:Dictionaire françois-latin de Jean Nicot, 1573, AH.djvu/4

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
EPISTRE.


partie des commoditez desquelles il se seruoit pour cet effect, nous eußions un nombre infini de liures de son impreßion plus que nous n'auons, & de ceulx qu'il auoit desia mis en lumiere, venant principalement de sa diligence, comme de Dictionaires pour soulager la ieunesse, nous en uerrions un bon nombre augmenté & corrigés en infinis endroicts. Entre lesquels il deliberoit mettre le Dictionaire François-Latin des premiers pour nauoir ia rien espargné à le faire reueoir à plusieurs sçauants personnages qui l'auoyent en et endroict infiniment aydé, & nomméement à M. Iean Tierry, omme de grande erudition : & pour sçauoir tresbien que tel qu'il auoit peu sortir de son imprimerie pour la premiere fois, il auoit esté soingneusement recueilly & apporté une utilité grande à tous desirants entendre la proprieté de la langue Françoise : De laquelle on veoit plusieurs estrangers, voire Princes & grands Seigneurs uoisins de la France, auiourd'huy merueilleusement studieux : l'estude desquels & le desir tant honneste ne se pouuoit mieux entretenir ne augmenter que par un tel ayde & support, auquel, lisant és liures François, s'il se presente à eux quelque diction plus obscure & non entendue, ils puissent auoir recours pour trouuer sans grand ennuy ne peine, l'explication & propre intelligence de tous mots, mesmes les plus fascheux de ladicte langue Françoise & esloingnez de l'usage commun. Car ie puis dire qu'il n'y a ne science, ne art, ne mestier, desquels les propres & plus particuliers mots (uulgairement de peu d'aultres, que de ceux qui ont longuement uersé ausdictes sciences, art & mestier, cogneus & entendus) n'y soyēt diligemment & proprement expliquez, comme il sera facile à tout homme qui a cognoissāce de ladicte lāgue, de le iuger à la premiiere ueuë & lecture dudict liure. Chose laquelle estāt de soy tant recommendable & proffitable qu'un cascun sçait, m'a principalement incité à r'imprimer ledict liure, duquel, il y a quelque temps que i'ay recouuré l'exemplaire laissé pae deça par ledict Robert Estienne, auant que partir de Frāce, lequel ie me suis ingeré, monseigneur, de uous dedier tant pour ce que tous liures de telle parure sont en premier lieu escripts pour le soulagement de tout estrangeier, desirant de bien & parfaictement entendre nostre langue, que pour ce que ie sçay qu'en auez bien bōne cognoissance, encores que n'ayez iamais veu la France, ayant esté à ce tresheureusement mené & conduict (oultre le bon esprit & grandes graces qu'il a pleu à Dieu uous depaartir) par M. Iean Pilot, homme de tresgrande erudition & d'une humanité singuliere, qui mesmes a communiqué au public, il y a ia assez long temps, la methode de laquelle il a usé à vous enseigner, grandement recueillie de tous estrangers effectionnez à nostredicte langue, & prisee de tout homme à ce se cognoissant. Il y a plus, monseigneur, que me souvenant de tant de bien & d'hōneur qu'il uous pleut me faire lors qu'estiez à Heydelberg de me receuoir tresbenignement uous faisant la reuerence, & lequel ie reçoys continuellement de uostre tresnoble & tresillustre maison, marchant à seureté, frequentant les foyres de Francfort, sous sa protection par ses terres & Seigneuries, ie serois reputé, comme à bon droict, tresingrat & tresindigne de telle faueur, si se presen-


tant