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n’êtes qu’un très-petit nombre en comparaiſon de ceux qui vous invitent à bras ouverts de vous joindre à eux ; un inſtant de réflexion doit vous convaincre qu’il convient mieux à vos intérêts & à votre bonheur, de vous procurer l’amitié conſtante des peuples de l’Amérique ſeptentrionale, que de les rendre vos implacables ennemis. Les outrages que ſouffre la ville de Boſton, ont alarmés & unis enſemble toutes les Colonies, depuis la nouvelle Ecoſſe juſqu’à la Georgie, votre Province eſt le ſeul anneau qui manque pour completter la chaîne forte & éclatante de leur union. Votre pays eſt naturellement joint au leur, joignez-vous auſſi dans vos intérêts politiques ; leur propre bien-être permettra jamais qu’ils vous abandonnent ou qu’ils vous trahiſſent : ſoyez perſuadez que le bonheur d’un peuple dépend abſolument de ſa liberté & de ſon courage pour la maintenir. La valeur & l’étendue des avantages que l’on vous offre eſt immenſe ; daigne le Ciel ne pas permettre que vous ne reconnaiſſiez ces avantages pour le plus grand bien que vous pourriez poſſéder, qu’après qu’ils vous auront abandonnés à jamais. »

Nous connoiſſons trop bien la nobleſſe de ſentiment qui diſtingue votre nation, pour ſuppoſer que vous fuſſiez retenus de former des liaiſons d’amitié avec nous par les préjugés que la diverſité de religion pourrait faire naître. Vous ſçavez que la liberté eſt d’une nature ſi excellente qu’elle rend, ceux qui s’attachent à elle, ſupérieurs à toutes ces petites foibleſſes. Vous avez une preuve bien convaincante de cette vérité dans l’exemple des Cantons Suiſſes,