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peut déplacer ſelon ſon bon plaiſir. En outre, un autre nouveau Statut formé ſans votre participation vous aſſujettis à toute la rigueur d’un impôt ſur les denrées que l’on nomme Exciſe, impôt déteſté dans tous les états libres. En vous arrachant ainſi de vos biens par la plus odieuſe de toutes les taxes, vous êtes encore expoſés à voir votre repos & celui de vos familles troublé par des collecteurs inſolens, pénétrans à chaque inſtant juſque dans l’intérieur de vos maiſons, qui ſont nommées les Fortereſſes des Citoyens Anglais dans les livres qui traitent de leurs loix.

Dans ce même Statut qui change votre Gouvernement, & qui paraît calculé pour vous flatter, vous n’êtes point autoriſés « à vous cotiſer pour lever & diſpoſer d’aucun impôt ou taxe, à moins que ce ſoit dans des cas de peu de conſéquence, tels que de faire des grands chemins, de bâtir ou de réparer des Edifices publics ou pour quelqu’autres convenances locales dans l’enceinte de vos villes & diſtricts. » Pourquoi cette diſtinction humiliante ? Eſt-ce que les biens que les Canadiens ſe ſont acquis par une honnête induſtrie ne doivent pas être auſſi ſacrés que ceux des Anglais ? L’entendement des Canadiens ſeroit-il ſi borné qu’ils fuſſent hors d’état de participer à d’autres affaires publiques qu’à celle de raſſembler des pierres dans un endroit pour les entaſſer dans un autre ? Peuple infortuné qui eſt non-ſeulement lezé, mais encore outragé. Ce qu’il y a de plus fort, c’eſt que ſuivant les avis que nous avons reçus, un miniſtère arrogant a conçu une idée ſi mépriſante de votre jugement & de