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noms ? répliqua l’autre en portant son verre à ses lèvres. Ce n’est pas rare.

— Oh ! non, dit M. Pinch, non du tout. Oh ! mon Dieu, non !… de sorte que… »

Et alors, se rappelant que M. Pecksniff lui avait recommandé particulièrement de ne rien dire au sujet du vieux gentleman du même nom qui avait logé au Dragon, mais de garder pour lui tout ce qu’il pouvait en savoir, il ne trouva pas de meilleur moyen pour cacher sa confusion que de porter aussi son verre à ses lèvres. Tous deux ils s’entre-regardèrent quelques secondes par-dessus le bord de leur vidrecome respectif, qu’ils posèrent ensuite complètement vidé.

« J’ai averti les gens de l’écurie de tout apprêter en dix minutes, dit M. Pinch, tournant de nouveau ses yeux vers le cadran. Sortons-nous ?

— Si vous voulez, répondit l’autre.

— Voulez-vous conduire ? dit M. Pinch, dont la face s’illuminait par l’idée de la magnificence de son offre. Vous conduirez, si vous le désirez.

— Mais, monsieur Pinch, dit Martin en riant, cela dépend de l’espèce de cheval que vous avez. Car s’il est mauvais, j’aimerais mieux me tenir les mains chaudes en les plongeant confortablement dans les poches de mon pardessus. »

Martin paraissait si bien considérer ses paroles comme une bonne plaisanterie, que M. Pinch fut tout à fait convaincu, de son côté, qu’il n’y en avait jamais eu de meilleure. En conséquence, il rit aussi de bon cœur, comme un homme qui y aurait vraiment pris plaisir, puis il acquitta sa note ; M. Chuzzlewit paya le punch. Alors, s’enveloppant chacun dans leurs effets respectifs, ils se rendirent à la porte principale, devant laquelle l’équipage de M. Pecksniff stationnait dans la rue.

« Je ne conduirai pas, merci, monsieur Pinch, dit Martin, s’installant à la place destinée au voyageur inoccupé. En attendant, voici ma malle. Pouvez-vous la prendre ?

— Oh ! certainement, dit Tom. Dick, mettez-la quelque part par ici. »

La malle n’était pas précisément d’une dimension à pouvoir se caser dans le premier coin venu : Dick, le valet d’écurie, la rangea où il put avec l’aide de M. Chuzzlewit. Elle se trouva tout entière du côté de M. Pinch, et M. Chuzzlewit craignait fort qu’elle ne le gênât ; mais Tom répondit : « Au contraire, » bien qu’il se vît réduit par ce voisinage à la position