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fera que lorsque je le voudrai, et je ne veux pas en entendre parler d’ici à plusieurs mois. Voilà ! »

M. Jonas l’implora de nouveau.

« Écoutez, dit Merry, ce sera au plus tôt pour le mois prochain. Mais d’ici à demain je ne fixerai pas d’époque ; et si vous n’êtes pas content, il n’y aura rien de fait ; et si vous êtes toujours à me suivre partout sans me laisser tranquille, le mariage ne se fera pas du tout. Voilà ! Et si vous n’exécutez pas toutes mes volontés, le mariage ne se fera jamais. Ainsi ne me suivez pas. Voilà, griffon ! »

En achevant ces paroles, elle bondit parmi les arbres.

« Ma foi, madame, dit Jonas, la suivant des yeux et pulvérisant entre ses dents un brin de paille, vous me payerez tout ça après le mariage ! C’est fort bien maintenant : il faut que les choses aillent leur train, et vous comptez là-dessus ; mais laissez faire, je vous payerai bientôt intérêt et principal. Mais voilà un vilain endroit pour y rester tout seul à rien faire. Ces vieux cimetières moisis, ça n’est pas bien agréable. »

Il se leva et prit lui-même par l’avenue, où il aperçut miss Merry bien loin déjà devant lui.

« Ah ! dit Jonas avec un sourire sombre et un mouvement de tête qui n’était pas un compliment à l’adresse de la jeune fille, jouissez de votre reste. Battez le fer pendant qu’il est chaud. Faites à votre tête pendant que cela vous est permis encore, madame !… »



CHAPITRE XXV.

Lequel touche en partie à des secrets de profession, et fournira au lecteur quelques aperçus assez curieux sur l’intérieur d’une chambre de malade.


M. Mould se trouvait au sein de ses lares domestiques. Il goûtait les douceurs de son foyer et s’y abandonnait avec un plaisir calme. Le jour étant étouffant, et la fenêtre ouverte, M. Mould avait posé ses jambes sur le rebord de la croisée, et il appuyait son dos contre la persienne. Un mouchoir était étendu sur sa tête luisante pour garantir des mouches son