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du spectacle pompeux de ces quelques dernières heures, il ne restait plus d’autre vestige que les notes inscrites dans les livres de l’entrepreneur.

Et dans le cimetière, n’en restait-il rien ? Non, rien même en ce lieu. Les portes étaient fermées ; la nuit était sombre et humide ; la pluie tombait en silence à travers les plantes rampantes et les ronces. Là s’élevait un nouveau tumulus qui la veille au soir n’y existait pas. Le temps, creusant la terre comme une taupe, avait laissé la trace de son passage en rejetant de côté une autre motte de terre.

Et c’était tout.



CHAPITRE XX.

Qui sera un chapitre d’amour.


« Pecksniff, dit Jonas, prenant son chapeau à la patère, pour voir si la bande de crêpe noir y était bien ajustée, et l’y remettant avec complaisance après avoir fait cette inspection, que comptez-vous donner en mariage à vos filles ?

— Mon cher monsieur Jonas, s’écria le tendre père avec un sourire ingénu, quelle singulière question !

— Ne vous inquiétez pas si ma question est quelque chose de singulier ou de pluriel, répliqua Jonas, dardant sur M. Pecksniff un regard farouche ; répondez-y seulement, ou bien n’en parlons plus. C’est l’un ou l’autre.

— Hum ! mon cher ami, dit M. Pecksniff, posant affectueusement sa main sur le genou de son compagnon, la question est enveloppée d’une foule de considérations. Ce que je leur donnerais ?

— Oui, que leur donneriez-vous ?

— Eh bien, cela dépendrait naturellement en grande partie de la qualité des maris qu’elles choisiraient, mon cher jeune ami. »

M. Jonas perdit contenance et se trouva hors d’état de continuer. La réponse était habile ; elle semblait profonde, tant il y a de sagesse dans la simplicité !

« Le mérite que je voudrais trouver dans un gendre est