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— Tigg, acheva l’ami de Chevy, attendez un peu. Je vais l’assommer, ce ne sera pas long.

— Oh ! lui ? répliqua Mark avec un air de dédain prononcé. Certainement, je le vois ; je le verrais encore un peu mieux s’il se rasait la barbe et se faisait couper les cheveux. »

M. Tigg secoua sa tête d’une manière féroce et se frappa la poitrine.

« C’est pas la peine, dit Mark. Vous aurez beau taper de ce côté, vous n’obtiendrez pas de réponse. Je connais la chose. Il n’y a là que la ouate, et encore elle est toute crasseuse.

— Allons, allons, Mark, dit M. Pinch, s’interposant pour prévenir les hostilités, répondez à ma demande. J’espère que vous n’êtes pas en colère ?

— En colère, moi, monsieur ! s’écria Mark avec un rire grimaçant. Certes, non. Il y a bien quelque petit mérite, tout petit qu’il soit, à rester jovial et de bonne humeur quand on voit des gaillards comme celui-là venir rôder aux alentours comme des lions rugissants, de ces lions qui n’ont du lion que le rugissement et la crinière. Vous me demandez, monsieur, ce qu’il y a entre lui et Mme Lupin ? Eh bien ! entre lui et Mme Lupin, il y a une note de dépense. Et je pense que Mme Lupin les traite bien, lui et son ami, en ne leur doublant point les prix pour le tort qu’ils causent au Dragon par leur présence. Telle est mon opinion. Je ne voudrais pas avoir chez moi un pareil garnement, quand même on me payerait par semaine au taux des chambres pendant les courses. Rien que de regarder dans la cave, il est dans le cas de faire surir la bière dans les barils ; certainement qu’il la ferait tourner ; et, pour peu qu’il ait de jugement, il ne peut pas dire le contraire.

— Vous ne répondez pas à ma question, Mark, fit observer M. Pinch.

— Ma foi, monsieur, je ne sais pas trop si je puis vous répondre autre chose. Lui et son ami sont descendus et ont séjourné à la Lune et les Étoiles jusqu’à concurrence d’un bon petit mémoire : et alors, ils sont descendus et ont séjourné chez nous pour en faire autant. Ces escrocs-là, ça n’est pas rare, monsieur Pinch ; ce n’est pas là ce que je lui reproche, à ce vaurien, mais c’est son insolence ; Il n’y a rien d’assez bon pour lui ; il croit que toutes les femmes se meurent d’amour pour sa personne et qu’elles sont bien récompensées s’il leur cligne de l’œil ;