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ici que nous travaillons, mon cher Martin. Il y a eu plus d’un architecte élevé dans cette chambre, n’est-ce pas, monsieur Pinch ? Il y en a plus d’un qui en est sorti ! »

Tom fit un signe d’assentiment ; et, ce qui est plus fort, c’est qu’il en était pratiquement convaincu.

« Vous voyez, dit M. Pecksniff, promenant rapidement la chandelle au-dessus des divers tableaux de papier, vous voyez quelques spécimens des travaux que nous accomplissons ici. La cathédrale de Salisbury, vue du nord, du sud, de l’est, de l’ouest, du sud-est, du nord-ouest ; un pont, un hospice, une prison, une église, une poudrière, une cave à vin, un portique, une habitation d’été, une glacière ; plans, coupes, élévations, toutes sortes de choses. Et ceci, ajouta-t-il, ayant, pendant ce temps-là, gagné une autre grande pièce au même étage, où il y avait quatre lits, ceci est votre chambre, dont M. Pinch que voici, est le paisible copartageant. Vue au midi ; charmante perspective ; la petite bibliothèque de M. Pinch, comme vous voyez ; tout ce qu’on peut désirer d’utile et d’agréable. Si un jour vous aviez besoin d’ajouter quelque chose à ce petit confort, je vous prie de me le dire. Là-dessus, on ne refuse rien ici, même à des étrangers, à vous bien moins encore, mon cher Martin. »

Il est certain, et nous le disons pour corroborer les paroles de M. Pecksniff, que chaque élève avait la plus ample permission de demander toutes les fantaisies qui pouvaient lui passer par la tête. Quelques jeunes gentlemen avaient pu, pendant cinq ans, demander de ces suppléments de confort, sans jamais rencontrer d’opposition.

« Les domestiques couchent là-haut, dit M. Pecksniff ; c’est tout. »

Après quoi, et tout en écoutant, le long du chemin, les éloges décernés par son jeune ami à l’ensemble de ses arrangements, il ramena Martin et Tom au premier parloir.

Là, un grand changement s’était opéré : déjà des préparatifs de fête sur la plus large échelle étaient achevés, et les deux miss Pecksniff attendaient le retour des gentlemen de l’air le plus hospitalier. Il y avait deux bouteilles de vin de groseille, blanc et rouge ; un plat de sandwiches, très-longues et très-minces ; un autre de pommes ; un autre de biscuits de mer, sorte de mets toujours moisi, mais agréable ; une assiette d’oranges coupées en petites tranches, un peu pierreuses, mais saupoudrées de sucre ; enfin, une galette de ménage, extrême-