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décente, se leva d’un fauteuil dans lequel elle tricotait, près du lit.

« Ne parlez pas, mon enfant, dit-elle avec douceur à Olivier ; il faut rester bien tranquille, la maladie vous reprendrait ; vous avez été bien mal, aussi mal qu’il est possible ; recouchez-vous comme un bon petit garçon. »

En même temps, elle replaça tout doucement la tête d’Olivier sur l’oreiller, lui releva les cheveux qui tombaient sur son front, et le regarda d’un air si bienveillant et si tendre, qu’il ne put s’empêcher de placer sa petite main décharnée sur celle de la vieille dame et de l’attirer autour de son cou.

« Mon Dieu ! qu’il est reconnaissant, le pauvre petit ! dit la vieille dame les larmes aux yeux. Pauvre enfant ! quelle émotion éprouverait sa mère si, après l’avoir veillé comme je l’ai fait, elle le revoyait maintenant !

— Peut-être qu’elle me voit, murmura Olivier en joignant les mains, peut-être a-t-elle veillé près de moi, madame ; il me semble qu’elle était là.

— C’est l’effet de la fièvre, mon enfant, dit la vieille d’un ton affectueux.

— C’est probable, répondit Olivier d’un air pensif ; le ciel est si loin, et on y est trop heureux pour venir ici-bas près du lit d’un enfant ; mais si elle a su que j’étais malade, elle a bien dû me plaindre : elle a tant souffert avant de mourir ! Non, elle ne peut pas savoir ce qui m’arrive, ajouta Olivier après un moment de silence : car, si elle m’avait vu battre, elle eût été triste, et dans mes rêves j’ai toujours vu son visage heureux et riant. »

La vieille dame ne répondit rien, mais elle essuya ses yeux, puis ses lunettes, qui étaient posées sur le couvre-pied, donna à Olivier une boisson rafraîchissante, et lui passa affectueusement la main sur la joue, en lui recommandant d’être bien sage et bien tranquille, sans quoi il retomberait malade.

Olivier ne bougea plus, d’abord parce qu’il avait à cœur d’obéir en toute chose à la bonne vieille dame, et aussi, à dire vrai, parce que les paroles qu’il venait de prononcer avaient épuisé ses forces. Il s’assoupit doucement, et fut réveillé par la lumière d’une bougie, qui, placée près de son lit, lui laissa voir un monsieur tenant à la main une grosse montre d’or ; celui-ci tâta le pouls de l’enfant et déclara qu’il allait beaucoup mieux.