vu quelqu’une de ces jolies choses, mon ami ? dit le juif après un court silence, en posant sa main sur la boîte.
— Oui, monsieur, répondit Olivier.
— Ah ! dit le juif en pâlissant. C’est… c’est à moi, Olivier… c’est ma petite fortune… tout ce que j’aurai pour vivre dans mes vieux jours : on m’appelle avare, mon ami, seulement avare… rien de plus. »
Olivier pensa que le vieux monsieur devait être en effet d’une avarice sordide, pour vivre dans un endroit si sale, avec tant de montres ; mais il réfléchit que sa tendresse pour le Matois et les autres garçons lui coûtait peut-être beaucoup d’argent ; il regarda le juif d’un air respectueux et lui demanda s’il pouvait se lever.
« Certainement, mon ami, certainement, répondit le vieux monsieur ; tiens, il y a une cruche d’eau dans le coin derrière la porte ; va la chercher et je te donnerai une cuvette pour te laver, mon ami. »
Olivier se leva, traversa la chambre et se baissa pour prendre la cruche ; quand il se retourna, la boîte avait disparu.
Il avait à peine fini de se laver et de remettre tout en ordre, en vidant, par ordre du juif, la cuvette par la fenêtre, lorsque le matois rentra, escorté d’un jeune ami qu’Olivier avait vu la veille au soir occupé à fumer, et qui lui fut présenté sous le nom de Charlot Bates. Puis on se mit à table ; le déjeuner se composait de café et de petits pains chauds, avec du jambon que le matois avait rapporté dans le fond de son chapeau.
« Eh bien ! dit le juif en s’adressant au Matois et en regardant malicieusement Olivier ; j’espère, mes amis, que vous êtes allés ce matin à l’ouvrage ?
— Roide, répondit le matois.
— Oui, une rude besogne, ajoute Charlot Bates.
— Vous êtes de braves garçons, dit le juif ; qu’est-ce que tu as rapporté, Matois ?
— Deux portefeuilles, répondit le jeune homme.
— Garnis ? demanda le juif avec anxiété.
— Pas mal, répondit le Matois en exhibant deux portefeuilles, l’un vert et l’autre rouge.
— Ils pourraient être plus lourds, dit le juif, après en avoir soigneusement visité l’intérieur, mais ils sont tout neufs et d’un bon travail ; c’est d’un habile ouvrier, n’est-ce pas, Olivier ?
— Certainement, monsieur, » dit Olivier.
Cette réponse fit rire M. Charlot Bates à se tenir les cô-