Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/399

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les sens, une espèce de confession générale des torts qu’il se reprochait, et des prières au bon Dieu pour qu’il la prît sous sa protection ; il l’avait trompée, à ce qu’il paraît, en lui disant que certaines circonstances mystérieuses, qu’il lui expliquerait plus tard, s’opposaient à son mariage immédiat avec elle ; et alors elle avait été bon train, s’était fiée à lui, et beaucoup trop, car elle y avait perdu l’honneur, que personne ne pouvait plus lui rendre. Elle n’avait plus que quelques mois pour accoucher. Il lui disait tout ce qu’il avait l’intention de faire pour cacher sa honte s’il avait vécu ; et il la conjurait, s’il venait à mourir, de ne pas maudire sa mémoire et de ne pas croire que les conséquences fatales de cette faute retomberaient sur elle ou sur son enfant, parce qu’il n’y avait que lui de coupable. Il lui rappelait le jour où il lui avait donné un médaillon et une bague sur laquelle il avait fait graver le nom de baptême, laissant en blanc la place où il espérait un jour faire ajouter le nom de famille… Il la priait de garder cette bague, de la porter toujours sur son cœur, comme elle avait fait jusque-là, et il répétait plusieurs fois les mêmes mots, comme un homme qui a perdu la tête, et je crois bien que c’était vrai.

— Quant au testament…, » dit M. Brownlow en voyant Olivier pleurer à chaudes larmes.

Monks restait silencieux.

« Quant au testament, continua M. Brownlow à sa place, il était conçu dans le même esprit que la lettre. Il y parlait des chagrins que lui avait causés sa femme, des penchants coupables, des dispositions vicieuses qu’il avait reconnus en vous, son fils unique, qui aviez été nourri dans la haine de votre père. Il vous laissait, ainsi qu’à votre mère, une rente de huit cents livres sterling. Il faisait de sa fortune deux parts égales, l’une pour Agnès Fleming, et l’autre pour l’enfant auquel elle donnerait le jour. Si c’était une fille, la fortune lui revenait sans conditions ; mais si c’était un fils, il était stipulé qu’à l’époque de sa majorité il ne devait avoir souillé son nom d’aucun acte public de déshonneur, de bassesse, de lâcheté ou de méchanceté ; il voulait par là, disait-il, montrer à la mère la confiance qu’il avait en elle et la conviction profonde où il était que son enfant tiendrait d’elle un cœur noble et une nature élevée. S’il était trompé dans son attente, alors il voulait que la fortune vous revînt : car, dans le cas, mais dans le cas seulement où ses deux fils seraient également pervers, il vous reconnaissait un droit de priorité sur sa fortune, quoique vous n’en eussiez