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tenant des papiers à la main, se dirigea vers la table près de laquelle étaient assis Rose et Olivier.

« J’ai à remplir une pénible tâche, dit-il ; mais il faut que ces déclarations, qui ont été signées à Londres, en présence de témoins, soient reproduites ici en substance ; j’aurais voulu vous épargner cette ignominie, mais il faut que nous les entendions de votre propre bouche : vous savez pourquoi.

— Continuez, dit en se détournant l’individu auquel M. Brownlow s’adressait. Dépêchons-nous ; j’en ai déjà assez fait, ce me semble ; n’allez pas me garder longtemps ici.

— Cet enfant, dit M. Brownlow en posant la main sur la tête d’Olivier, cet enfant est votre frère ; c’est le fils illégitime de votre père, Edwin Leeford, auquel j’étais si attaché, et de la pauvre Agnès Fleming, qui mourut en lui donnant le jour ?

— Oui, dit Monks en regardant de travers Olivier qui tremblait de tous ses membres, et dont on aurait pu entendre battre le cœur, voilà leur bâtard.

— Le mot dont vous vous servez, dit sévèrement M. Brownlow, est un reproche adressé à deux êtres que depuis longtemps la vaine censure du monde ne peut plus atteindre ; c’est une insulte qui ne peut plus déshonorer âme qui vive, sinon vous qui vous en rendez coupable. Cet enfant est né dans cette ville ?

— Au dépôt de mendicité, répondit Monks ; du reste, vous avez là son histoire, ajouta-t-il avec impatience en montrant du doigt les papiers.

— Il faut que nous l’entendions de votre bouche, dit M. Brownlow en promenant ses regards sur les témoins de cette scène.

— Alors, écoutez-moi, répondit Monks ; mon père étant tombé malade à Rome, comme vous le savez, ma mère, dont il était depuis longtemps séparé, partit de Paris pour aller le rejoindre et m’emmena avec elle : c’était sans doute pour s’assurer la fortune de mon père, car elle n’avait pas grande affection pour lui, ni lui pour elle ; il ne nous reconnut pas, il avait déjà perdu connaissance et resta assoupi jusqu’au lendemain, jour de sa mort. Parmi ses papiers, il y en avait deux datés du jour où il était tombé malade et renfermés dans une lettre à votre adresse. Il avait écrit sur l’enveloppe qu’il ne fallait vous envoyer ces papiers qu’après sa mort. L’un était une lettre à cette fille, à Agnès, et l’autre un testament.

— Que disait-il dans cette lettre ? demanda M. Brownlow.

— La lettre ?… c’était une feuille de papier écrite dans tous