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mières brillaient dans la rue ; on entendait des cris confus, des conversations animées, le bruit des pas précipités de la foule, qui se pressait sur le pont de bois le plus proche. Il y avait sans doute un cavalier, car on entendait les sabots d’un cheval résonner sur le pavé. L’éclat des lumières s’accrut, le bruit des pas se rapprocha de plus en plus, puis on frappa vivement à la porte, et toute la multitude se mit à pousser des cris de fureur qui auraient fait trembler l’homme le plus intrépide.

« Au secours ! hurlait le jeune garçon de toute sa force. Il est ici ! il est ici ! enfoncez la porte !

— Ouvrez, au nom du roi ! disaient des voix du dehors ; et les murmures et les cris de recommencer de plus belle.

— Enfoncez la porte ! criait Charlot. Je vous dis qu’on ne l’ouvrira pas ; courez droit à la chambre où vous voyez de la lumière. Enfoncez la porte ! »

Des coups violents et répétés ébranlèrent en effet la porte et les volets des fenêtres du rez-de-chaussée. Toute la foule poussa un hourra énergique, d’après lequel on put se faire une idée de la masse compacte qui entourait la maison.

« Ouvrez-moi une porte derrière laquelle je puisse enfermer à clef ce maudit braillard, dit Sikes furieux, courant çà et là et tirant le jeune garçon après lui aussi aisément qu’il eût fait d’un sac vide. Ouvrez-moi cette porte, vite… » Il y poussa Charlot, tira le verrou et tourna la clef dans la serrure. « La porte d’entrée est-elle bien fermée ?

— À double tour et à la chaîne, répondit Crackit, qui, ainsi que ses deux compagnons, ne savait plus où donner de la tête.

— Les panneaux sont-ils solides ?

— Doublés de tôle.

— Et les fenêtres ?

— Les fenêtres aussi.

— Que la foudre vous écrase ! s’écria le brigand en levant le châssis et en menaçant la foule ; faites, faites, vous ne me tenez pas encore. »

Jamais oreilles mortelles n’entendirent un sabbat pareil à celui que fit alors cette multitude furieuse : les uns criaient à ceux qui étaient le plus près de mettre le feu à la maison ; d’autres demandaient en trépignant aux agents de police de faire feu sur l’assassin. Nul ne montrait plus de fureur que l’individu à cheval ; il mit pied à terre et, fendant la foule, il