Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/375

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ordre, traînez-le dans la rue, appelez la police à votre aide, et faites-le arrêter en mon nom comme faussaire.

— Comment osez-vous me nommer ainsi ? demanda Monks.

— Et vous, jeune homme, comment osez-vous me pousser à une telle extrémité ? répondit M. Brownlow en le regardant fixement. Seriez-vous assez fou pour vouloir sortir de cette maison ? Lâchez-le. Tenez, monsieur, vous êtes libre de vous en aller, et nous de vous suivre ; mais je vous déclare, au nom de tout ce qu’il y a de plus sacré, qu’à l’instant même où vous mettrez le pied dans la rue, je vous ferai arrêter pour fraude et escroquerie ; ma résolution est inébranlable. Si vous persistez dans votre résistance, que votre sang retombe sur votre tête !

— De quelle autorité m’avez-vous fait empoigner dans la rue et amener ici par ces gredins-là ? demanda Monks en regardant l’un après l’autre les deux hommes qui se tenaient à ses côtés.

— De ma propre autorité, répondit M. Brownlow. Je prends sur moi toute la responsabilité de cet acte ; si vous vous plaignez d’être privé de votre liberté, adressez-vous, je vous le répète, à la loi pour vous protéger (vous auriez déjà pu vous échapper durant le trajet, mais vous avez jugé plus prudent de vous tenir tranquille) ; moi aussi, j’aurai recours à la loi ; mais, si vous me mettez dans l’impossibilité de reculer, ne comptez plus sur mon intervention indulgente, quand vous serez entre les mains de la justice, et ne dites pas alors que je vous ai précipité dans le gouffre où vous vous serez jeté vous-même. »

Monks avait l’air déconcerté et inquiet ; il hésitait…

« Dépêchez-vous de prendre un parti, dit M. Brownlow d’un ton ferme et calme ; si vous aimez mieux que je vous poursuive en justice et que j’attire sur vous un châtiment dont la pensée seule me fait frémir, mais auquel je ne pourrais vous soustraire, encore une fois, je vous le répète, vous savez ce que vous avez à faire ; si, au contraire, vous faites appel à mon indulgence et à la pitié de ceux envers lesquels vous avez tenu une conduite si criminelle, asseyez-vous, sans mot dire, dans ce fauteuil. Il y a deux jours qu’il vous attend. »

Monks murmura quelques paroles inintelligibles et resta indécis.

« Dépêchez-vous, dit M. Brownlow ; je n’ai qu’un mot à dire, et il sera trop tard pour vous décider. »

Monks hésitait encore…