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— En effet.

— Un monsieur et une demoiselle qu’elle avait été trouver précédemment, de son propre mouvement : ils lui ont demandé de livrer tous ses complices, à commencer par Monks… ce qu’elle a fait… de donner leur signalement… elle l’a donné… de dire où nous nous réunissions… elle l’a dit… et d’où l’on pouvait le mieux nous guetter… elle l’a dit encore… et à quel moment nous avions l’habitude de nous y rendre… elle l’a indiqué. Voilà ce qu’elle a fait ; elle a conté tout cela d’un bout à l’autre, sans qu’on lui fît une menace, sans la moindre hésitation. Est-ce vrai ? s’écria le juif presque fou de colère.

— Parfaitement vrai, répondit Noé en se grattant la tête ; c’est exactement comme cela que tout s’est passé.

— Et qu’ont-ils dit relativement à dimanche dernier ? demanda le juif.

— Relativement à dimanche dernier ! répondit Noé en réfléchissant ; je vous l’ai déjà dit.

— Redites-le ! redites-le ! s’écria Fagin écumant de rage en étreignant d’une main le bras de Sikes, et en brandissant l’autre en l’air comme un furieux.

— Ils lui ont demandé, dit Noé qui, mieux éveillé, semblait commencer à comprendre qui était Sikes, ils lui ont demandé pourquoi elle n’était pas venue le dimanche précédent comme elle l’avait promis ; elle a répondu qu’elle n’avait pas pu…

— Et la cause, la cause ? interrompit le juif d’un air triomphant ; contez-lui cela.

— Parce qu’elle avait été retenue de force chez elle par Guillaume, cet homme dont elle leur avait déjà parlé précédemment, répondit Noé.

— Et puis encore ? s’écria le juif ; qu’a-t-elle dit encore de cet homme dont elle leur avait déjà parlé précédemment ? Contez-lui cela ! contez-lui cela !

— Eh bien, reprit Noé, elle a dit qu’il ne lui était pas facile de sortir à moins que cet homme ne sût où elle allait ; et que la première fois qu’elle était sortie pour aller trouver la demoiselle, elle… ha ! ha ! ha ! j’ai bien ri en entendant cela… elle avait donné à cet homme une dose de laudanum.

— Mort et damnation ! s’écria Sikes en se dégageant brusquement de l’étreinte du juif. Laissez-moi m’en aller ! »

Il repoussa loin de lui le vieillard, s’élança hors de la chambre et escalada les degrés comme un furieux.