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— À dix heures, cela vous convient-il ? et comme Claypole faisait un signe de tête affirmatif, le juif ajouta : qui annoncerai-je à mon ami ?

— M. Bolter, répliqua Noé, qui s’était attendu à cette question ; M. Maurice Bolter ; voici Mme Bolter.

— Madame Bolter, votre humble serviteur, dit Fagin, en lui faisant un salut grotesque. J’espère avoir l’honneur de vous connaître mieux avant peu.

— Entends-tu ce que dit monsieur, Charlotte, dit Claypole, d’une voix vibrante.

— Oui, mon cher Noé, reprit Mme Bolter, en lui tendant la main.

— Elle m’appelle Noé, voyez-vous, c’est un mot d’amitié, dit M. Maurice Bolter, ci-devant Claypole, en se tournant vers le juif. Vous comprenez la chose ?

— Oh ! oui, je comprends… parfaitement, répondit Fagin, et cette fois il disait vrai, bonsoir, bonsoir. »

Lorsqu’ils eurent échangé une foule de bonsoirs et de compliments, M. Fagin s’en alla. Noé Claypole, réclamant l’attention de sa femme, lui expliqua les arrangements qu’il avait pris, d’un air de hauteur et de supériorité qui convenait non seulement au sexe fort, mais encore au gentleman fier du rôle important que lui attribuait sa nouvelle dignité, en lui donnant pour fonctions spéciales de flanquer les crapauds par terre dans la ville de Londres et la banlieue.


CHAPITRE XLIII.
Où l’on voit le fin Matois dans une mauvaise passe.

« Ainsi, c’était vous qui étiez votre ami, n’est-ce pas ? dit Claypole, autrement Bolter, quand en vertu du traité passé entre eux, il se fut rendu le lendemain à la maison du juif. Par Dieu ! je m’en étais bien douté hier soir !

— Tout homme est son propre ami, mon cher, dit Fagin, de son regard le plus insinuant. On n’en a jamais de meilleur que soi-même !

— Excepté quelquefois pourtant, répliqua Maurice Bolter,