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— Sa partie est-elle bonne ?… Voilà le point important, dit Noé en clignant de l’œil.

— C’est tout à fait le haut de l’échelle… Il a des associés nombreux et occupe des employés extrêmement distingués dans le genre.

— Des employés citadins ? demanda Claypole.

— Pas un seul campagnard. Et je ne pense pas que, même sur ma recommandation, il consentît à vous prendre s’il ne manquait de collaborateurs pour l’instant, répondit le juif.

— Faudra-t-il débourser ? dit Noé en frappant sur son gousset.

— Cela ne se peut guère autrement, répliqua Fagin d’un ton bref.

— C’est que vingt livres sterling… c’est une somme !…

— Pas quand c’est un billet dont vous ne pourriez vous défaire, reprit Fagin. Le numéro et la date sont pris, je suppose… Le payement aura été arrêté à la banque. Ah ! il n’en donnera pas grand’ chose. Il faudra qu’il le passe à l’étranger, car il n’en tirerait pas pour la peine sur la place.

— Quand pourrais-je le voir ? demanda Noé d’un ton irrésolu.

— Demain matin, dit le juif.

— Où ?

— Ici.

— Hum ! fit Noé. Quels sont les gages ?

— Vie de gentleman,… la table et le logement, le tabac et l’eau-de-vie sans frais ;… moitié de vos gains et moitié de ceux de la jeune fille, » répondit Fagin.

Il est douteux que Noé Claypole, dont la rapacité n’était pas petite, eût accédé à ces offres, quelque avantageuses qu’elles fussent, s’il avait été tout à fait libre ; mais il réfléchit que, s’il refusait, son nouvel ami pourrait fort bien le dénoncer à la justice sur-le-champ (des choses plus surprenantes s’étaient déjà vues) ; aussi ses traits se détendirent-ils peu à peu et il dit au juif que l’affaire lui convenait.

« Mais, voyez-vous, ajouta-t-il, comme Charlotte abattra de la besogne, j’aimerais assez à en avoir personnellement une un peu facile.

— Un petit travail de fantaisie ? dit Fagin.

— Oui, quelque chose comme ça, répliqua Noé. Qu’est-ce que vous croyez qui pourrait me convenir pour le moment ? Voyons !