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— Il descendait de voiture, reprit Olivier en répandant des larmes de bonheur, et il entrait dans une maison. Je n’ai pas pu lui parler… je n’ai pas pu lui parler, parce qu’il ne me voyait pas, et que je tremblais si fort, si fort que je ne me sentais pas la force d’aller jusqu’à lui. Mais Giles a demandé pour moi si c’était bien là qu’il restait ; on a répondu que oui. Tenez, dit Olivier en ouvrant un chiffon de papier, voici son adresse… J’y cours tout de suite. O mon Dieu ! mon Dieu quand je vais être devant lui, et que j’entendrai encore sa voix, qu’est-ce que je vais devenir ? »

Rose, tout abasourdie de ces paroles et de ces exclamations de joie incohérentes, lut sur l’adresse, Craven-Street dans le Strand, et se promit aussitôt de mettre cette découverte à profit.

« Allons, vite, dit-elle, qu’on aille chercher un fiacre, et préparez-vous à m’accompagner ; je suis à vous dans une minute. Je vais seulement avertir ma tante que nous sortons pour une heure, et soyez prêt le plus vite possible. »

Olivier ne se le fit pas dire deux fois, et en moins de cinq minutes, Rose et lui étaient sur le chemin de Craven-Street. Quand ils furent arrivés, Rose laissa Olivier dans la voiture, sous prétexte de préparer le vieillard à le recevoir ; puis envoyant sa carte par le domestique, elle demanda à voir M. Brownlow pour affaires urgentes. Le domestique revint bientôt lui dire de monter. Rose le suivit à l’étage supérieur, où elle fut présentée à un monsieur âgé, d’un abord agréable, et portant un habit vert-bouteille. À une petite distance, était assis un autre vieillard portant guêtres et culotte de nankin. Il n’avait pas l’abord très agréable, celui-là ; ses deux mains étaient appuyées sur une grosse canne, et son menton sur ses deux mains.

« Ah ! mon Dieu ! je vous demande pardon, mademoiselle, dit le monsieur en habit vert-bouteille, qui se leva promptement en la saluant avec la plus grande politesse… je croyais avoir affaire à quelque importun qui… je vous en prie, excusez-moi. Asseyez-vous donc, s’il vous plaît.

— M. Brownlow, je présume, monsieur, dit Rose en promenant son regard du pantalon de nankin à l’habit vert-bouteille.

— C’est en effet mon nom ; monsieur est mon ami. M. Grimwig. Grimwig, voulez-vous avoir la bonté de nous laisser quelques minutes ?

— Je crois, interrompit miss Maylie, que, dans l’état actuel des choses, monsieur peut sans inconvénient assister à notre