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Ils traversèrent le rez-de-chaussée lentement et avec précaution, car Monks tressaillait rien qu’à voir son ombre, et M. Bumble, tenant sa lanterne à un pied du sol, marchait non seulement avec une prudence remarquable, mais encore d’un pas singulièrement léger pour un homme de sa corpulence. Il croyait voir partout quelque trappe secrète. Monks ouvrit doucement la porte par laquelle ils étaient entrés, échangea avec eux un léger signe de tête, et le digne couple se mit en route au milieu de la boue et des ténèbres.

Ils ne furent pas plutôt sortis que Monks, qui semblait avoir une invincible répugnance pour la solitude, appela un jeune garçon qui était resté caché quelque part en bas, le fit passer devant lui, la lanterne à la main, et regagna la chambre qu’il venait de quitter.


CHAPITRE XXXIX.
Où le lecteur retrouvera quelques honnêtes personnages avec lesquels il a déjà fait connaissance, et verra le digne complot concerté entre Monks et le juif.

Deux heures environ avant l’entrevue racontée dans le chapitre précédent, M. Williams Sikes, qui venait de faire un somme, s’éveillait et demandait quelle heure il était.

La chambre de M. Sikes n’était plus une de celles qu’il avait occupées avant l’expédition de Chertsey, bien qu’elle fût dans le même quartier, et à peu de distance de son ancien logement. C’était une petite chambre mal meublée, où le jour ne pénétrait que par une lucarne pratiquée dans la toiture, et qui donnait sur une ruelle étroite et sale. Tout annonçait que depuis peu ce digne homme avait eu des revers. Peu ou point de meubles, absence totale de confort, disparition du linge et d’autres menus objets ; tout annonçait une situation extrêmement misérable, et la mine amaigrie et décharnée de M. Sikes lui-même aurait pleinement confirmé ces symptômes au besoin.

Le brigand était étendu sur le lit, enveloppé de sa grande redingote blanche en guise de robe de chambre ; sa pâleur