Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.

portière, et une voix de stentor cria au postillon de s’arrêter, ce qu’il fit dès qu’il put retenir ses chevaux, et la même voix appela Olivier par son nom.

« Ici ! cria la voix : maître Olivier, quelles nouvelles ? miss Rose… maître Olivier.

— Est-ce vous, Giles ? » s’écria Olivier en courant rejoindre la chaise de poste.

Giles exhiba de nouveau son bonnet de coton, et il allait répondre quand il fut brusquement tiré en arrière par un jeune homme qui occupait l’autre coin de la chaise et qui demanda vivement quelles étaient les nouvelles.

« En un mot, dit-il, mieux ou plus mal ?

— Mieux… beaucoup mieux, s’empressa de répondre Olivier.

— Le ciel soit loué ! s’écria le jeune homme. Vous en êtes sûr ?

— Tout à fait, monsieur, répondit Olivier. Le mieux s’est déclaré il y a quelques heures à peine, et M. Losberne dit que tout danger est passé. »

Le jeune homme n’ajouta pas un mot, ouvrit la portière, sauta hors de la voiture et, saisissant Olivier par le bras, l’attira près de lui.

« C’est tout à fait certain ? Il n’y a pas d’erreur possible de ta part, mon garçon, n’est-ce pas ? demanda-t-il d’une voix tremblante. Ne me trompe pas en me donnant une espérance qui ne se réaliserait pas.

— Je ne le ferais pas pour tout au monde, monsieur, répondit Olivier ; vous pouvez m’en croire : M. Losberne a dit en propres termes qu’elle vivrait encore bien des années pour notre bonheur à tous ; je l’ai entendu de mes oreilles. »

Des larmes roulaient dans les yeux d’Olivier en rappelant la scène qui avait causé tant de bonheur ; le jeune homme détourna la tête et garda quelques instants le silence.

Plus d’une fois, Olivier crut l’entendre sangloter ; mais il craignit de l’importuner par de nouvelles paroles (car il devinait bien ce qu’il éprouvait), et il garda le silence en feignant de s’occuper de son bouquet.

Pendant ce temps, M. Giles, toujours avec son bonnet de coton, s’était mis sur le marchepied de la voiture, les coudes sur les genoux, et s’essuyait les yeux avec un mouchoir de coton bleu à pois blancs. L’émotion de ce digne serviteur n’était pas feinte, à en juger d’après la rougeur de ses yeux quand