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miss Maylie, et il en décorait leur cage avec un goût exquis ; quand il avait bien soigné les oiseaux, il avait d’ordinaire quelque commission charitable à faire dans le village, ou, s’il n’y en avait pas, il pouvait toujours s’occuper au jardin et soigner les fleurs, toutes choses qu’il avait apprises de l’instituteur du village, qui était un parfait jardinier ; il s’appliquait de tout cœur à cette besogne, jusqu’à ce que miss Rose descendît au jardin ; elle lui adressait mille compliments pour tout ce qu’il avait fait, et il se trouvait amplement récompensé par son gracieux sourire.

Trois mois s’écoulèrent ainsi ; trois mois qui, dans la vie des hommes les plus heureux et les plus favorisés du ciel, eussent été trois mois d’un bonheur sans mélange, mais qui pour Olivier, après une enfance si agitée et si orageuse, étaient la félicité suprême : avec la plus pure, la plus aimable générosité d’une part, et la reconnaissance la plus sincère, la plus vive, la plus dévouée de l’autre, il n’est pas étonnant qu’au bout de ce court espace de temps Olivier fût dans l’intimité complète de la vieille dame et de sa nièce, et que l’affection sans bornes que leur avait vouée son cœur jeune et sensible fût pour elles un sujet d’orgueil et un motif de l’aimer : c’était sa récompense.


CHAPITRE XXXIII.
Où le bonheur d’Olivier et de ses amis éprouve une atteinte soudaine.

Le printemps passa vite, et l’été commença. Si, jusque-là, la campagne avait été belle, elle était maintenant dans tout son éclat et étalait toutes ses richesses. Les grands arbres, qui avaient longtemps paru nus et dépouillés, avaient retrouvé toute leur vigueur, et déployaient leurs verts rameaux, offrant sous leur ombre d’agréables retraites, d’où la vue s’étendait sur le paysage doré par le soleil ; la terre avait revêtu son manteau de verdure, et exhalait au loin les plus doux parfums. On était au plus beau moment de l’année rajeunie ; tout respirait la joie.