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qui le perfectionnait dans l’écriture et la lecture, lui parlant avec tant de bonté et prenant tant de soin de lui, qu’Olivier n’avait pas de cesse qu’il ne l’eût satisfait. Puis il se promenait avec Mme Maylie et Rose, et les écoutait causer de livres, ou s’asseyait près d’elles, dans quelque endroit bien ombragé où la jeune fille faisait la lecture ; il restait volontiers à l’entendre, jusqu’à ce que la nuit ne permît plus de distinguer les lettres.

Il préparait ensuite sa leçon du lendemain, et il travaillait avec ardeur jusqu’à la nuit tombante dans une petite chambre qui donnait sur le jardin ; alors les dames faisaient une nouvelle promenade et il les accompagnait, prêtant l’oreille avec plaisir à tout ce qu’elles disaient, heureux si elles désiraient une fleur qu’il pût grimper leur cueillir, ou si elles avaient oublié quelque chose qu’il pût courir leur chercher ; quand il faisait tout à fait nuit, et qu’on était rentré, la jeune demoiselle se mettait au piano, jouait quelque air sentimental, ou chantait d’une voix douce et pure quelque vieille chanson que sa tante aimait à entendre. Dans ces moments-là on n’allumait pas les bougies ; Olivier, assis près d’une fenêtre, écoutait cette harmonieuse musique, et des larmes de bonheur coulaient sur ses joues.

Et les dimanches ! jamais il n’en avait eu de pareils. Quels heureux jours ! D’ailleurs il n’avait plus que des jours heureux. On allait le matin à la petite église, tout entourée d’arbres dont les branches venaient caresser les fenêtres de l’édifice ; les oiseaux chantaient alentour et l’air embaumé répandait partout ses parfums. Les pauvres gens du village étaient si propres et s’agenouillaient si pieusement pour prier, qu’il semblait que ce fût un plaisir et non un devoir ennuyeux qui les réunît en ce lieu ; et, quoique le chant fût assez rustique, il semblait plus harmonieux, au moins aux oreilles d’Olivier, que tous ceux qu’il avait jusqu’alors entendus à l’église. On se promenait ensuite comme d’habitude ; on visitait les paysans dans leurs petites maisons, brillantes de propreté. Le soir, Olivier lisait un ou deux chapitres de la Bible, qu’il avait étudiés toute la semaine, et, en accomplissant ce devoir, il était plus fier et plus heureux que s’il eût été le ministre lui-même. Le matin, il était sur pied à six heures ; il allait courir les champs et longer les haies pour cueillir des bouquets de fleurs sauvages, dont il revenait chargé à la maison, et qu’il disposait et arrangeait de son mieux pour orner la table au déjeuner ; il rapportait aussi du séneçon pour les oiseaux de