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— Guillaume l’avait pris sur son dos et filait comme le vent. Nous nous arrêtâmes pour le mettre entre nous deux ; il avait la tête pendante et il était glacé. Ceux qui nous poursuivaient étaient sur nos talons. Chacun pour soi, quand il y va de la potence ; nous leur avons faussé compagnie et laissé le marmot étendu dans un fossé : mort ou vif, je n’en sais rien. »

Le juif n’écouta pas un mot de plus ; il poussa un affreux hurlement, s’arracha les cheveux et ne fit qu’un bond dans la rue.


CHAPITRE XXVI.
Un personnage mystérieux paraît sur la scène. – Détails importants étroitement liés à la suite de cette histoire.

Le vieillard avait gagné le coin de la rue avant de se remettre de l’émotion que lui avaient causée les nouvelles apportées par Tobie Crackit. Non seulement il n’avait pas ralenti son allure ordinaire, mais il hâtait le pas encore plus que d’habitude, de l’air d’un homme effaré et en proie à une violente agitation ; une voiture lancée au galop faillit le renverser, et les cris des passants, à la vue du danger qu’il courait, lui firent gagner le trottoir. Après avoir évité autant que possible les grandes rues, et cheminé par des ruelles ou des passages obscurs, il atteignit enfin Snow-Hill. Là il se mit à marcher encore plus vite qu’auparavant, et ne ralentit sa course qu’après s’être engagé dans une cour, où, comme s’il se trouvait enfin dans son élément, il reprit son pas ordinaire et parut respirer plus à l’aise.

Au point de jonction entre Snow-Hill et Holborn-Hill, à main droite en sortant de la Cité, se trouve un passage étroit et sale qui mène à Saffron-Hill. Là, dans de misérables échoppes, vous pouvez voir d’énormes paquets de foulards d’occasion, de toute grandeur et de toute nuance. C’est là qu’habitent les receleurs qui les achètent des voleurs. Des centaines de ces foulards, fixés à des chevilles, pendent aux fenêtres ou au-dessus des portes ; à l’intérieur il y en a d’empilés par centaines sur des tablettes. Ce passage, ou plutôt cette colonie commerciale, a une existence qui lui est propre, son barbier, son café,