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ver, un jour viendrait peut-être où il pourrait entendre sans rougir prononcer le nom de sa pauvre mère. « Oh mon Dieu ! disait-elle en joignant ses mains amaigries, que ce soit un garçon ou une fille, suscitez-lui quelques amis dans ce monde de misère, et ayez pitié d’un pauvre enfant abandonné, seul sur terre. »

— Le nom de l’enfant ? demanda la matrone.

— On l’appelait Olivier, répondit la femme d’une voix éteinte. L’or que j’ai volé était…

— Oui, oui, après ? » dit l’autre.

Elle se pencha vivement vers la mourante pour entendre sa réponse, mais recula bientôt instinctivement en la voyant se soulever encore une fois, lentement et péniblement, serrer la couverture dans ses mains crispées, murmurer quelques sons inarticulés, et retomber sans vie sur le lit.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Roide morte ! dit une des vieilles femmes en se précipitant dans la chambre dès que la porte fut ouverte.

— Et tout ça pour ne rien dire, » répondit la matrone en s’éloignant d’un air d’insouciance.

Les deux sorcières étaient probablement trop occupées des devoirs funèbres qu’elles avaient à remplir, pour faire aucune réponse, et elles restèrent seules près du cadavre.


CHAPITRE XXV.
Où l’on retrouve M. Fagin et sa bande.

Tandis que ces événements se passaient au dépôt de mendicité, M. Fagin était dans son repaire (le même où la jeune fille était venue prendre Olivier). Là, penché devant la cheminée qui fumait, il avait sur ses genoux un soufflet dont il venait sans doute de se servir pour activer le feu ; mais il était tombé dans une rêverie profonde, et, les bras croisés, le menton incliné sur la poitrine, il considérait d’un air distrait les chenets rouillés.

Derrière lui, le rusé Matois, maître Charles Bates et M. Chit-