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sombre au dehors : une pluie violente battait contre les vitres, et le ciel semblait noir et couvert de nuages.

« Allons ! allons ! grommela Sikes, tandis qu’Olivier se levait : cinq heures et demie ! Dépêche-toi, ou tu n’auras pas le temps de déjeuner ; il faut se mettre en route ! »

Olivier ne fut pas long à faire sa toilette ; il mangea un peu et dit qu’il était prêt.

Nancy, le regardant à peine, lui jeta un mouchoir pour se garantir le cou, et Sikes lui donna un grand collet d’étoffe grossière pour se couvrir les épaules. Ainsi accoutré, l’enfant donna la main au brigand, qui s’arrêta un instant pour lui montrer, avec un geste menaçant, qu’il avait le pistolet dans la poche de côté de sa redingote ; puis il serra étroitement la main d’Olivier dans la sienne, dit adieu à Nancy, et sortit.

Comme ils franchissaient le seuil, Olivier tourna la tête un instant dans l’espoir de rencontrer le regard de Nancy ; mais elle avait repris sa place devant le feu, et se tenait complètement immobile.


CHAPITRE XXI.
L’expédition.

Ce fut par une triste matinée qu’ils se mirent en route ; le vent soufflait avec violence, et la pluie tombait à torrents ; des nuages sombres et épais voilaient le ciel ; la nuit avait été très pluvieuse, car de larges flaques d’eau couvraient çà et là les rues, et les ruisseaux débordaient. Une faible lueur annonçait l’approche du jour, mais elle ajoutait à la tristesse de la scène plus qu’elle ne la dissipait ; cette pâle lumière ne faisait qu’affaiblir l’éclat des réverbères, sans éclairer davantage les toits humides et les rues solitaires ; il ne semblait pas que personne fût encore debout dans ce quartier ; toutes les fenêtres étaient soigneusement fermées, et les rues qu’ils traversaient étaient désertes et silencieuses.

Tandis qu’ils gagnaient Bethnal-Green, le jour parut tout à fait. Déjà nombre de réverbères étaient éteints ; quelques cha-