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poussière, laissaient apercevoir des sculptures variées. Olivier en conclut que jadis, longtemps avant la naissance du juif, cette maison avait appartenu à des gens d’une classe plus élevée, et que peut-être, tout affreuse et délabrée qu’elle était maintenant, elle avait été alors une demeure joyeuse et élégante.

Des araignées avaient tendu leurs toiles à tous les angles des murs et le long des plafonds ; quelquefois, tandis qu’Olivier arpentait doucement la chambre, une souris se mettait à trotter sur le plancher, et se sauvait épouvantée dans son trou : c’étaient là les seuls êtres vivants qu’il pût voir ou entendre ; souvent, quand la nuit tombait, et qu’il était fatigué d’errer de chambre en chambre, il allait se blottir dans un coin de l’allée qui donnait sur la rue, pour être aussi près que possible de la société des vivants, et il restait là, l’oreille tendue, à compter les heures jusqu’au retour du juif et de ses élèves.

Dans toutes les chambres, les volets vermoulus des fenêtres étaient soigneusement fermés, et les barreaux qui les retenaient étaient fortement vissés dans le bois ; le jour ne pénétrait que par quelques trous ronds : ce qui donnait aux appartements un aspect encore plus sinistre, et les peuplait d’ombres bizarres. Il y avait, il est vrai, dans un grenier du fond, une fenêtre sans volets, et garnie de barreaux rouillés ; souvent Olivier venait s’y installer pendant des heures entières, et regardait au loin d’un air pensif ; mais il ne pouvait voir qu’une masse confuse de toits et de cheminées noires ; quelquefois, pourtant, une vieille tête grise se montrait aux combles d’une maison éloignée ; mais elle disparaissait aussitôt. D’ailleurs, comme la fenêtre de l’observatoire d’Olivier était condamnée, et que les carreaux étaient obscurcis par une épaisse couche de poussière et de suie, il pouvait à peine distinguer au travers les objets extérieurs ; mais, quant à essayer de se faire voir ou entendre, autant eût valu pour lui être niché dans la boule qui surmonte la cathédrale de Saint-Paul.

Un jour que le Matois et maître Bates devaient passer la soirée dehors, le premier de ces jeunes filous se mit en tête d’apporter à sa toilette plus de soin que de coutume ; il n’avait pas souvent, il faut le dire, de faiblesse de ce genre ; en conséquence, il daigna ordonner à Olivier de lui venir en aide.

Celui-ci était trop enchanté de se rendre utile, trop heureux aussi de voir des visages humains quelque désagréables