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avant de se hasarder à lui demander quelle était la découverte qu’elle avait faite. La vérité ne tarda pas à se faire connaître. Mme Nickleby s’était procuré le matin même un journal de la veille au café d’où on lui apportait sa bière. Ce journal de la veille contenait un avis rédigé en anglais du style le plus pur et le plus correct, annonçant qu’une dame mariée désirait s’attacher comme demoiselle de compagnie une jeune personne de bon ton, et qu’on trouverait le nom et l’adresse de la dame mariée chez un libraire du quartier West-End dont on indiquait exactement la demeure.

« Et je vous déclare, s’écria Mme Nickleby déposant le journal d’un air triomphant, que, si votre oncle n’y voit pas d’inconvénient, cela vaut la peine d’y aller voir. »

Catherine était trop découragée par le succès de la joute énergique qu’elle venait déjà de soutenir contre le monde, et s’intéressait trop peu en ce moment au sort qui lui était réservé, pour faire la moindre objection. M. Ralph Nickleby, loin d’en faire de son côté, approuva au contraire cette idée de toutes ses forces. Il ne se montra pas non plus autrement surpris de la faillite soudaine de Mme Mantalini, et certes il eût été bien étrange qu’il en parût étonné, car il y avait contribué plus que personne pour sa part. On alla donc chercher le nom et l’adresse de l’inconnue sans perdre de temps, et miss Nickleby partit avec sa mère le matin même à la recherche de Mme Wititterly, place Cadogan, rue Sloane.

La place Cadogan est un petit trait d’union entre deux grands extrêmes. C’est l’anneau qui relie les trottoirs aristocratiques de Belgrave-square et les contrées barbares de Chelsea. Elle est bien dans la rue Sloane, mais elle ne lui appartient pas. Les gens de la place Cadogan jettent un regard de dédain sur la rue Sloane et regardent Bromption comme au-dessous d’eux. Ils singent les airs du grand monde et font semblant de ne pas savoir où se trouve situé New Road ; non pas cependant qu’ils aient la fatuité de se croire précisément sur le même pied que les personnes de la haute volée qui habitent Belgrave-Square et Grosvenor-Place ; mais ils s’attribuent auprès d’elles le même rang que ces enfants illégitimes de grands seigneurs qui se vantent de leur parentage, quoique désavoués par leurs parents. Au milieu de leurs airs de ressemblance avec les conditions les plus élevées, les gens de la place Cadogan n’ont en réalité qu’une situation secondaire. C’est, si l’on veut, le conducteur qui transmet aux habitants des régions ultérieures le choc électrique de l’orgueil, de la naissance et du rang, qu’il ne porte