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« Et pourtant qui est-ce qui vous l’a amené ? poursuivit sir Mulberry. Vous savez bien que, sans moi, il ne serait pas à l’heure qu’il est dans vos filets.

— Le filet est grand et assez plein comme cela, dit Ralph ; prenez garde qu’il ne s’y étrangle encore quelque poisson dans les mailles.

— Allez ! vous seriez capable de vous vendre corps et âme pour de l’argent. J’ai tort de dire votre âme : le marché est déjà fait avec le diable. Voulez-vous pas me faire croire que votre jolie nièce n’a pas été tendue ici comme un hameçon pour le jeune innocent que vous avez grisé en bas ? »

Bien que ce dialogue vif et pressé se tînt à demi-voix des deux côtés, cependant Ralph avait l’œil au guet pour s’assurer que Catherine, toujours à la même place, ne pouvait rien entendre. Son adversaire vit qu’il avait l’avantage du terrain et en profita.

« Voulez-vous pas me faire croire que ce n’est pas ça ? Prétendez-vous que, si c’eût été lui qui fût venu occuper la place et non pas moi, vous n’auriez pas fermé les yeux et les oreilles, au lieu de faire vos embarras comme à présent ? Là, là, mon Nickleby, tirez-vous de là.

— Je vous dis, répliqua Ralph, que, si je l’ai amenée ici pour aider à l’affaire…

— Ah ! nous y voilà donc ! s’écria en riant sir Mulberry. À la bonne heure, voilà que je vous reconnais.

— Pour aider à l’affaire, continua Ralph de la voix lente et ferme d’un homme qui est sûr de ne dire que ce qu’il voudra, c’est que je savais bien qu’elle ferait impression sur le jeune niais que vous avez pris à tâche d’aider à se ruiner à grandes guides. Mais je savais bien aussi, je le connais, qu’il était incapable d’outrager la délicatesse d’une jeune fille, et qu’à l’exception de quelques plaisanteries échappées à sa tête légère, il serait facile avec un peu d’habileté de le contenir dans le respect que méritent le sexe et l’honneur d’une femme, fût-elle la nièce de son usurier. Mais s’il entrait dans mes projets de l’attirer plus doucement par cet appât, je n’étais pas homme à jeter cette jeune fille en proie à la brutalité licencieuse d’un vieux débauché comme vous. Et à présent j’espère que nous nous comprenons tous les deux.

— Vous n’avez pas dit le fin mot : c’est que vous n’aviez rien à gagner à cela avec moi ; eh ! eh ! dit sir Mulberry avec un affreux ricanement.

— Vous l’avez dit. » Ralph, pour lui faire cette réponse, avait