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l’emploi, et que vous regardez dix-huit francs soixante-quinze par semaine comme trop peu de chose, dit M. Gregsbury tirant le cordon de la sonnette. Refusez-vous, monsieur ?

— Je n’ai pas d’autre alternative, dit Nicolas.

— Mathieu, la porte, dit M. Gregsbury au garçon qui venait de répondre au coup de sonnette.

— Je suis fâché de vous avoir dérangé inutilement, monsieur, dit Nicolas.

— Et moi aussi, reprit M. Gregsbury, en lui tournant le dos, Mathieu, la porte.

— Bonjour, monsieur.

— Mathieu, la porte, » cria M. Gregsbury.

Le garçon fit signe à Nicolas, et, passant devant lui sans façon pour descendre l’escalier, lui ouvrit la porte et le mit dans la rue.

Nicolas triste et pensif reprit le chemin de la maison.

Smike avait composé un petit repas des restes du souper de la veille, et attendait son retour avec impatience. Les incidents de la matinée n’avaient pas stimulé l’appétit de Nicolas. Il ne fit pas honneur au dîner. Il était là assis dans l’attitude de la réflexion, ayant devant lui, encore intacte, son assiette que son pauvre camarade ne cessait de remplir des morceaux qu’il croyait les plus délicats, lorsque Newman Noggs entra dans la chambre.

« De retour ? demanda Noggs.

— Oui, répondit Nicolas, et je suis sur les dents : mais ce qu’il y a de pis, c’est que j’aurais aussi bien fait de rester à la maison.

— On ne peut pas espérer de faire grand’chose dans une matinée, dit Newman.

— C’est possible, mais je suis un peu vif et je m’attendais à mieux ; mon désappointement n’en est que plus grand. »

Là-dessus Nicolas fit à Newman le récit de ses aventures.

« Si je pouvais seulement, dit Nicolas, me procurer quelque chose, la moindre chose avant le retour de Ralph Nickleby, afin d’avoir le plaisir de lui parler en face, je me sentirais plus à l’aise. Dieu sait si je regarde le travail comme un déshonneur, bien au contraire, ce qui m’ennuie, c’est de me voir flâner là, à ne rien faire, comme un animal inutile.

— Je ne sais pas, dit Newman…, c’est si peu de chose. Cependant cela payerait le loyer et quelque chose de plus. Mais vous n’aimeriez pas cela… Non, on ne peut pas vous proposer de l’entreprendre. Non. Décidément non.

— Qu’est-ce qu’on ne pourrait pas me proposer d’entrepren-