Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 1.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Je vais ce matin à la Taverne de Londres, dit M. Nickleby.

— Séance publique ? » demanda Noggs.

M. Nickleby fit un signe de tête d’assentiment. « J’attends une lettre de l’avoué pour cette hypothèque de Ruddle. Si elle venait, ce ne serai toujours que par la distribution de deux heures. C’est le moment où je sortirai de la Cité pour aller à Charing-Cross : je prendrai le trottoir de gauche ; s’il y a quelque lettre, venez à ma rencontre, vous me l’apporterez. »

Noggs lui rendit son signe de tête, et il n’avait pas fini qu’on sonna à la porte du bureau. Le patron leva les yeux de dessus ses papiers, et le clerc resta sans bouger.

« La sonnette, dit Noggs, attendant une explication. Vous y êtes ?

— Oui.

— Pour tout le monde ?

— Oui.

— Pour le percepteur ?

— Non. Il reviendra. »

Encore le petit grognement habituel, ce qui voulait dire : Je le savais bien. Et le bruit de la sonnette ayant recommencé, Noggs ouvre la porte et ramène, en annonçant M. Bonney, un gentleman pâle et haletant, les cheveux dressés sur la tête dans un grand désordre, avec une cravate blanche d’un pouce de large, nouée négligemment autour du cou ; à le voir, on eût dit qu’il avait passé une mauvaise nuit sans se déshabiller.

« Mon cher Nickleby, dit le monsieur, prenant à la main son chapeau blanc, si plein de papiers qu’il n’y avait plus de place pour le faire tenir sur sa tête, nous n’avons pas un moment à perdre, j’ai un cab à la porte. M. Mathieu Pupker préside, et nous avons positivement trois membres du parlement qui doivent venir. Je viens d’en voir deux se lever en bon état ; le troisième, qui a passé toute la nuit à Crockford, n’a pris que le temps de retourner chez lui pour mettre une chemise blanche et prendre une bouteille ou deux de soda water, et il ne manquera pas de venir nous retrouver à temps pour l’adresse proposée à la réunion. Il a encore un peu d’excitation de la nuit dernière, mais n’importe, il n’en parle jamais moins haut pour cela.

— Voilà qui a l’air de marcher assez bien, dit M. Ralph Nickleby, dont les manières réfléchies faisaient un contraste parfait avec la vivacité de son collègue en affaires.

— Assez bien ! répéta M. Bonney ; c’est la plus belle idée qu’on ait jamais conçue. Compagnie de l’Union métropolitaine pour le perfectionnement des petits pains chauds et tartelettes, ren-