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dont Ralph prononça ce compliment ironique. M. Mantalini lui-même en sentit l’influence, et se retournant tout effrayé, s’écria : « Quel diable d’abominable croassement !

— Vous ne ferez pas attention, s’il vous plaît, aux plaisanteries de M. Mantalini, dit la dame en s’adressant à Mlle Nickleby.

— Je n’y fais pas attention du tout, madame, dit Catherine avec calme et mépris.

M. Mantalini n’a pas du tout affaire aux jeunes dames de l’établissement, continua-t-elle en lançant un regard à son mari. S’il en a vu quelques-unes, ce ne peut être qu’en les rencontrant dans la rue, quand elles viennent travailler ou qu’elles s’en retournent chez elles, mais jamais ici. Il n’est même jamais au magasin : je ne veux pas de cela. Combien d’heures avez-vous l’habitude de travailler par jour ?

— Je n’ai jamais eu l’habitude de travailler régulièrement, madame, reprit Catherine baissant la voix.

— Elle n’en travaillera que mieux maintenant, dit Ralph qui n’était pas fâché de placer ce mot, de peur que l’aveu de sa nièce ne vînt nuire aux négociations.

— Je l’espère, continua Mme Mantalini. Voici nos heures : de neuf à neuf, et même plus quand nous sommes pressées de besogne ; mais alors je paye un supplément en sus. »

Catherine s’inclina pour faire comprendre qu’elle avait entendu les conditions et qu’elles lui convenaient.

« Quant à vos repas, c’est-à-dire le dîner et le thé, vous les prendrez ici. Vos gages pourront monter de 6 francs 25 à 8 francs 75 par semaine ; mais je ne puis pas encore les fixer d’une manière certaine, avant d’avoir vu ce que vous savez faire. »

Catherine répondit encore par un signe de tête.

« Si vous êtes prête à venir, dit Mme Mantalini, vous ferez bien de commencer lundi matin à neuf heures précises ; et Mlle Knag, ma première demoiselle, recevra mes instructions pour vous essayer d’abord à quelque ouvrage facile. Avez-vous encore quelque chose à me demander, monsieur Nickleby ?

— Plus rien, madame, dit Ralph en se levant.

— Alors, je crois que voilà tout. »

Après cette conclusion naturelle, Mme Mantalini regarda du côté de la porte, comme une personne qui voudrait bien s’en aller, mais qui ne se souciait pas de laisser à M. Mantalini le soin de faire seul les honneurs de sa maison, en conduisant les visiteurs jusqu’au bas de l’escalier. Ralph la tira