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un peu en arrière, préférant laisser au gentleman seul la responsabilité du tapage.

Un homme qui avait un gros bouquet blanc à sa boutonnière, ouvrit la porte et regarda d’un air impassible le gentleman en lui disant :

« Eh bien ! monsieur, qu’est-ce que vous voulez ?

— Qui est-ce qui se marie ici, mon ami ? demanda le gentleman.

— C’est moi.

— Vous ! … et qui diable épousez-vous ?

— De quel droit me faites-vous cette question ? répliqua le fiancé en le regardant de la tête aux pieds.

— De quel droit ! … s’écria le gentleman pressant avec plus de force contre son bras celui de mistress Nubbles, car la bonne femme semblait ne songer qu’à s’échapper. D’un droit que vous ne soupçonnez guère. Songez-y bien, braves gens, si ce particulier a épousé une mineure…

— Fi ! fi ! cela ne peut avoir lieu.

— Où est l’enfant que vous avez ici, mon brave ami ? Elle s’appelle Nelly ; où est-elle ? »

Comme il émettait cette question, à laquelle se joignit la mère de Kit, on entendit partir d’une chambre voisine une sorte de cri perçant, et aussitôt une grosse dame tout habillée de blanc accourut vers la porte et vint s’appuyer sur le bras de son fiancé.

« Où est-elle ? dit la dame, m’apportez-vous de ses nouvelles ? Qu’est-elle devenue ? »

Le gentleman se retourna et considéra d’un air de sinistre appréhension, de désappointement et d’incrédulité les traits de l’ex-mistress Jarley, mariée de ce matin même au philosophe Georges. Jugez de l’éternelle rage et de l’irrémédiable désespoir de M. Slum, le poëte ! Enfin le gentleman balbutia :

« C’est à vous qu’il faut demander où elle est ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?

— Oh ! monsieur, s’écria la fiancée, si vous venez ici avec l’intention de lui faire du bien, que n’êtes-vous venu il y a une semaine !

— Elle n’est pas… morte ? dit le gentleman qui était devenu très-pâle.

— Non, monsieur, oh ! non, ce n’est pas ça.